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Chroniques traversières 

(d'un maralpin)

 

Cet espace est consacré à tous ceux qui veulent rendre compte d'une impression…

L’AVF Vence à Puy Saint Vincent

ou l’accueil durable

 

La Pendine est une montagne de Puy Saint Vincent. Elégante et somptueuse. Un hôtel a pris son nom. Et ses qualités. L’AVF de Vence y a séjourné du 22 au 29 juin. Un séjour marquant qui mérite d’être chroniqué.

 

La pluie a eu la bonne grâce de s’absenter durant ce séjour, se remisant dans quelques recoins. Aux randonneurs donc le soleil et les sentiers, la marche vers les sommets et les repas radieux pris sur les bords de lacs non pas conquis, mais apprivoisés.

 

Le Parc des Ecrins recèle une infinité de randonnées, de toutes sortes, pour tous les goûts, pour tous les pas. Des montées abruptes, présentant des dénivelées de 800 mètres, montées solaires au souffle court. Arrivée somptueuse dans un cirque offrant un lac gelé…à la fin juin. C’est dire l’air qu’on y respire ! Des pentes plus régulières, sur des sentiers plus larges, moins pierreux et accueillants les pas avec bonhommie. Ici, un refuge qui fait halte et offre un boisson gazeuse (pas de publicité) ou un petit noir traditionnel tout droit venu de la cafetière à l’ancienne (and What Else ?).

 

“Le Pré de Madame Carle”, le “Val Clarée”, les lieux se déclinent sur le mode somptueux, pour le plein des yeux et celui des poumons.

(...)

Vers Coursegoules, loin de la solitude.

 

Pour qualifier la tâche de l’animateur de randonnée (ainsi que celle du “serre-file”) on pourrait être tenté de reprendre un titre de Peter Handke : La solitude du gardien de but au moment du pénalty.

 

En le transposant : La solitude du meneur de randonnée avant de boucler le retour. .

En effet, si les randonneurs sont ravis de se laisser porter par les sentiers, marchant et devisant avec allégresse, il faut souligner ce que signifie concevoir, mettre en oeuvre et porter une incursion dans nos collines.

 

L’Accueil des Villes de France a su nourrir les vocations, et les animateurs sont désormais nombreux, à tous les niveaux, balade, piano, pianoforte, moderato, allegro. Il n’en demeure pas moins que la charge est absorbante. Vient d’abord l’étape du repérage, pour cerner à la fois la faisabilité et les difficultés. Il faut ensuite, le jour venu, être attentif au rythme donné, qui doit répondre à l’ensemble du groupe (25 par exemple), il faut enfin boucler le tout sans accident ni incident.

Cette randonnée piano du 19 avril 2016 nous donne l’illustration parfaite de ces trois étapes. Le parcours parfaitement repéré et balisé, les randonneurs ont pu s’abandonner à la beauté d’une journée radieuse.

Départ de Coursegoules, vers le Collet de Gillibert, retour par la Chapelle Saint Michel. Une dénivelée de 550 mètres, sur 10 kilomètres. Correct, mais rude tout de même.

 

Chacun suit, pris par un bon rythme, la verdure printanière rayonne, on monte, descend, on saute pardessus un ruisseau.

 

Mais nos contrées offrent des surprises, et il est des passages qui ne sont pas sans susciter quelques craintes. Les risques de glissades, de chutes se multiplient en certains lieux. Des frayeurs s’installent alors qui pourraient devenir paralysantes. Précisément : animateur et serre-file sont là, ils rassurent, ils ouvrent la voie, accompagnent et tout se passe bien.

 

Mais il n’est pas de solitude en ces moments “de pénalty”, car l’ensemble du groupe partage l’aide apportée. On attend avec bienveillance, on repart dans la bonne humeur. Il y a là un état d’esprit fondé sur le partage et la solidarité.

 

Solidarité dans les difficultés parce que chacun(e) ne manque pas d’en éprouver une un jour ou l’autre.

 

Partage de la beauté des lieux, qui peut s’opérer dès que l’ascension se prolonge.

Montée à travers une verdure neuve, fraîche, une couleur de menthe avec des senteurs de thym. Le ciel est d’un azur qui dilate les bronches et facilite le souffle.

Le repas se tient entre des arbres qui offrent des feuilles récemment déployées, toutes neuves et la barre de pierre des sommets environnants. Entre une blancheur calcaire et un déploiement de verdure.

 

Et l’on va de l’un à l’autre pour offrir ce que dans le sac-à-dos on a consciencieusement porté. Du vin aux chocolats, des biscuits au limoncello.

 

Descente vers Coursegoules, arrêt convivial autour d’un pot. L’air est frais, le verre aussi.

Contre la solitude du gardien de but (nous le sommes tous en ces temps) le plaisir d’être ensemble, dans la mise à l’épreuve et par les bonheurs découverts.

 

Pour Vence-Info-Mag.

Yves Ughes.

Après l’orage, quelques paroles d’un chaman romantique…

Pour la beauté de la ville et pour la force de l’expression

 

Le jour je m’égarais sur de grandes bruyères terminées par des forêts.

Qu’il fallait peu de chose à ma rêverie: une feuille séchée que le vent chassait devant moi,une cabane dont la fumée s’élevait de la cime dépouillée des arbres, la mousse qui tremblait au souffle du nord sur le tronc d’un chêne, une roche écartée, un étang désert ou le jonc flétri murmurait!

Le clocher du hameau, s’élevant au loin dans la vallée, a souvent attiré mes regards ; souvent j’ai suivi des yeux les oiseaux de passage qui volaient au-dessus de ma tête. Je me figurais les bords ignorés, les climats lointains où ils se rendent ; j’aurais voulu être sur leurs ailes. Un secret instinct me tourmentait; je sentais que je n’étais moi-même qu’un voyageur; mais une voix du ciel semblait me dire:

« Homme, la saison de ta migration n’est pas encore venue; attends que le vent de la mort se lève, alors tu déploieras ton vol vers ces régions inconnues que ton coeur demande. »

 

Levez-vous vite, orages désirés qui devez emporter René dans les espaces d’une autre vie!

Ainsi disant, je marchais à grands pas, le visage enflammé, le vent sifflant dans ma chevelure, ne sentant ni pluie ni frimas, enchanté, tourmenté, et comme possédé par le démon de mon coeur.

 

(René de Chateaubriand)

Du sublime, sinon point.

Ou

La randonnée Piano de l’AVF du 10 novembre 15

 

Ça commence avec du rouge, ça continue avec du blanc, et puis ça revient vers le rouge.

Un parcours en forme de marqueterie, en quelque sorte.

Ce 10 novembre, la randonnée du groupe « Piano » (mais il ne faut pas se fier au terme musical) a pour but le Point Sublime qui se trouve dans les Gorges du Daluis.

 

Un bond dans le temps : il y a 12 000 ans, un réchauffement climatique (tiens donc ? déjà !) a détourné toutes les conférences mondiales et a déchaîné les glaciers. L’érosion a raviné les lieux, creusé les roches. Il en demeure des canyons insolites, des à-pics vertigineux.

 

On y va.

 

Le ciel vibre comme une vitre soumise à l’intensité de l’azur. Nos pas s’accompliront toute la journée sous ces vibrations diaphanes, avec cette tension qui nous vient de la beauté pure. Sous les pas, le schiste rouge, dans l’espace un bleu si fin qu’il pourrait se briser.

Le Point Sublime nous offre un belvédère qui nous plonge dans l’Histoire, et nous livre l’ivresse de l’espace. Grâce à des plaques explicatives, nous découvrons les traces de « très anciennes mines de cuivre exploitées il y a 2500 ans, par les hommes du néolithique, qui fournissait du cuivre facile à marteler et servant à la fabrication d’objets rituels, de parure et d’outils ». 

 

L’imagination travaille, suscitée par des dessins sommaires  mais parlants : arc-boutés dans d’étroits couloirs les hommes mettent à mal la roche, et tordent leurs corps pour extraire -au prix de quels efforts ?- la riche matière. Un air frais passe par là, on en reçoit une claque qui nous renvoie à « des âges farouches ».

La marche fait du bien au corps, l’affirmer est une évidence, mais quand les enjambées se conjuguent ainsi avec une prise de possession du temps et de l’espace, c’est l’être tout entier qui tire profit de cette immersion dans un « point sublime », le si bien nommé. Marcher pour comprendre les lieux, marcher pour se situer et se trouver, la démarche est profondément culturelle, en même temps que physique.

 

Quelques détours, une traversée de route et le meilleur pour la fin se profile : une salutaire montée à travers des sous-bois, avec de superbes passages exposés au soleil de midi, celui que Paul Valéry  appelait midi-le-juste, sans doute parce qu’il frappait également de toutes parts.

 

Histoire de mériter le déjeuner. Et le partage du vin, du rhum ambré, de menues mais nombreuses friandises. Il faut bien honorer le mot « accueil » contenu dans les « A »VF.

 

La descente se fera dans le silence des rotules. Jusqu’au sourire retrouvé dans le pot final. Il sera pris dans le brouhaha d’une parole dénouée, entrechoquée comme les verres.

 

Les animateurs, Didier Banel et Danièle Ceccaldi, y sont tout naturellement remerciés. Ces remerciements ont les couleurs de la journée, et disent tout simplement l’azur gagné d’une journée radieuse.

 

Pour Vence-Info-Mag.

Yves Ughes.

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